La journée s'annonçait longue et banale. Neal se tenait droit devant son bureau en train de trier les dossiers sur lesquels il travaillait. Il ne voulait pas embaucher de secrétaire. Il les trouvait maladroites et mal organisées. Engager une secrétaire revenait à mettre en danger son cabinet car il les percevait comme des incompétentes. Neal n'accordait sa confiance qu'à lui même. Travailler seul semblait être selon lui, la clé de la réussite.
Son téléphone sonna une fois, deux fois puis trois fois. S'ensuit ensuite de la sonnerie de son téléphone portable. L'heure n'était ni aux conversations, ni aux rendez-vous téléphoniques. Elle était consacrée aux classements de ses dossiers et il n'avait nullement envie de décrocher. Pourtant, son agresseur téléphonique n'allait pas tarder à se révéler. A peine un quart d'heure ne s'était écoulé qu'on sonna nerveusement à l'entrée. Neal ne bougea pas d'un pouce. Un fracas retentit. La voisine cria à l'horreur. Cinq secondes plus tard, Diana se tenait bras croisés devant lui, accompagnée de deux pairs de bras musclés. Neal releva la tête en soufflant :
J'aimerais que tes entrées se fassent plus discrètes, la voisine va finir par alerter la police et je pense que la presse se fera une joie d'écrire sur ta délicatesse. Il soupira, poussa sa chaise en arrière dans un grincement grave et se leva. Il s'avança vers celle qui appartient au clan Montaigu et s'appuya sur son bureau.
Qu'est ce qui se passe? finit-il par demandait avec une certaine nonchalance. Une attitude qui ne semblait plaire à la jeune femme. Elle attrapa le téléphone portable de l'avocat posé sur le bureau et lui montra nerveusement ses appels.
Si tu faisais ton boulot correctement, on ne serait pas forcé à user des grands moyens. Elle reclaqua bruyamment l'appareil sur la surface en bois du bureau, soutenant d'un regard noir maître Bowers.
Cette fois-ci nous avons de grave ennui. Roméo s'en est pris physiquement à un Capulet. Une remarque qui ne semblait pas surprendre l'avocat. Il haussa les épaules comme pour indiquer qu'il attendait l'important.
Il a tué Tybalt. Neal souria, amusé par la nouvelle. Il plaça alors une main sous son menton qu'il frotta, lui donnant mine de réfléchir.
Tu sais très bien comment ça fonctionne Diana, tu sors l'argent et ensuite on pourra discuter parce que tu vois derrière moi, il y a une pile de dossiers qui attendent. Les mois avaient passés, Neal avait réussi à négocier la sentence de Roméo. Le jeune Montaigu était interné dans un endroit spécialisé. Il était sous la haute surveillance de sa famille et aux yeux de l'avocat, Roméo se payait des vacances au club med au lieu de pourrir en prison. Meurtre. Oui c'était comme ça qu'il percevait le drame et non comme un homicide involontaire comme il l'a défendu devant le jury.
La routine repris, les heures consacrées aux dossiers aussi. Son téléphone sonna mais il ne transgressa pas son rituel sacré. Quinze minutes plus tard, Diana débarqua avec ses sbires dans un fracas habituel. Neal releva le nez de ses affaires et remonta ses lunettes à l'aide de son index. Il fronça les sourcils, vraisemblablement agacé par ces entrées de diva. Il allait lui lancer une remarque, une remarque cynique comme à son habitude mais à peine avait-il ouvert la bouche que Diana l'interrompit.
Il est mort. Son air était grave et pour la première fois depuis qu'il la connaissait Neal perçu de l'inquiétude sur le visage de la jeune femme.
Dans la culpabilité d'avoir pris une vie, ton cousin a décidé de donner la sienne dans l'esprit de redonner un certain équilibre à l'univers? Il pouffa, il ne pouvait s'empêcher de faire ce genre de remarque, ce qui ne semblait pas être au goût de Diana. Furieuse, d'un revers de la main, elle terrassa tout ce qui se trouvait sur le bureau de Neal, renversant ses dossiers qu'il avait minutieusement rangé.
Juliette était avec lui. Ils sont morts, on vient de retrouver leurs corps! Ca te fait toujours autant rire? Parce que crois moi, c'est toi qui va gérer cette affaire et tu as intérêt à ne pas me décevoir. L'atmosphère n'était plus aux rires et aux moqueries. Neal avait le visage crispé, les yeux furieux. Aussitôt, il attrapa son téléphone fixe, impeccablement noir et brillant comme s'il ne l'avait jamais touché.
Père Laurent? Oui, je viens de l'apprendre. J'aimerais que nous nous rencontrions au plus vite.